Port-au-Prince, 4 août 2025 – Une manifestation d’anciens employés du Centre National des Équipements (CNE), organisée ce lundi devant les locaux de la Primature à Musseau, a été violemment réprimée par des unités de la Police nationale d’Haïti (PNH). Réclamant le paiement de douze mois d’arriérés de salaire, les protestataires ont été dispersés à coups de gaz lacrymogène, dans une atmosphère de chaos et de panique.
Ce nouvel épisode de tension sociale intervient dans un contexte marqué par une multiplication des mobilisations liées à des revendications salariales impayées dans le secteur public.
Une restructuration sans issue
Le CNE, ancien bras opérationnel de l’État en matière d’entretien d’infrastructures et de gestion d’équipements lourds, a été officiellement dissous en 2024 par l’ex-Premier ministre Garry Conille. L’administration avait annoncé un redéploiement de ses ressources humaines vers le ministère de la Défense et le MTPTC. Mais sur le terrain, cette opération de fusion s’est révélée purement théorique.
Conséquence directe : des centaines d’agents – conducteurs, techniciens, mécaniciens – se retrouvent depuis près d’un an sans poste, sans contrat actif, et sans aucune rémunération.
Une détresse sociale croissante
Multipliant les démarches depuis plusieurs mois, ces travailleurs désormais sans statut ont organisé des sit-in devant divers ministères sans obtenir de réponse tangible. Leur présence ce lundi à la Primature visait, selon eux, à forcer un arbitrage au plus haut niveau de l’État.
« Douze mois sans salaire, c’est douze mois sans dignité. Nous avons frappé à toutes les portes. Il ne nous reste que la rue », a confié Wildrick Séjour, président du Syndicat des anciens employés du CNE.
Nombre de manifestants expriment leur désespoir face à l’incertitude administrative et aux urgences du quotidien. L’approche de la rentrée scolaire rend la situation d’autant plus critique pour ces familles.
Répression musclée, mobilisation renforcée
Alors que le sit-in se déroulait dans le calme, la situation s’est tendue suite à l’intervention d’unités de la PNH. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des manifestants pris de panique, fuyant les lieux, suffoquant sous l’effet des gaz lacrymogènes.
Ce recours à la force a déclenché une nouvelle vague d’indignation parmi les protestataires, dont plusieurs annoncent une intensification des actions à venir. « Nous sommes prêts à camper devant la Primature, à bloquer les routes s’il le faut. On ne quittera pas sans solution », a lancé un manifestant.
La Primature, sollicitée par la presse, n’avait toujours pas réagi officiellement au moment de la publication.
Jean Dalens SEVERE

























































































































