
Le jeune réalisateur haïtien s’impose au Civitanova Film Festival et confirme la vitalité du cinéma haïtien sur la scène internationale.
Le cinéma haïtien continue d’éblouir à l’étranger. Le réalisateur Samuel Frantz Suffren, 33 ans, a remporté trois distinctions majeures au Civitanova Film Festival, en Italie, pour son court-métrage “Des rêves en bateaux papiers”. Le film a décroché les prix du Meilleur Film, du Meilleur Scénario et du Meilleur Réalisateur, une triple consécration qui assoit le talent de ce cinéaste émergent de la nouvelle génération haïtienne.
Un hommage intime et universel
Dans un message plein d’émotions partagé sur les réseaux sociaux, Samuel Suffren a dédié cette victoire à deux proches disparus. J’ai fait ces films dans la douleur, mais aussi dans la joie et le besoin du geste. Merci à tous les comédiens et techniciens de l’ombre… Je pense fort à mon ami Jordany (…) et à mon frère chéri Suffren Israël. C’est pour vous.», a-t-il écrit.
Ces mots témoignent de la dimension profondément personnelle de son œuvre, où la douleur et la poésie se croisent pour exprimer les réalités humaines et sociales d’Haïti.
Un film ancré dans la réalité haïtienne
Des rêves en bateaux papiers raconte l’histoire d’Édouard, un père célibataire de Port-au-Prince, élevant seul sa fille après le départ de son épouse pour l’étranger. À travers une mise en scène sobre et poétique, le film explore les thèmes de l’absence, de la mémoire, de l’exil et du rêve, reflétant le vécu de nombreuses familles haïtiennes séparées par la migration.
Cette œuvre s’inscrit dans une trilogie sur “l’absence et l’ailleurs”, que Suffren a initiée pour interroger les fractures humaines et les attachements invisibles qui relient Haïti au monde.
Une reconnaissance pour le cinéma haïtienCinéma haïtien à l’international
Au-delà de son succès personnel, la victoire de Samuel Suffren symbolise la résilience du cinéma haïtien, souvent confronté à des obstacles de production et de diffusion. Par son travail, le réalisateur démontre qu’un cinéma d’auteur haïtien peut s’imposer sur la scène internationale sans renoncer à son authenticité.
Suffren joue également un rôle majeur dans la promotion du cinéma documentaire en Haïti.
Il coordonne le Kolektif Idantite Tèt Ansanm (KIT), une initiative qui soutient la création et la diffusion d’œuvres cinématographiques et photographiques haïtiennes, notamment à travers les rencontres du documentaire en Haïti.
Une fierté nationale et une inspiration collective
En remportant ces distinctions prestigieuses, Samuel Frantz Suffren rappelle que le talent haïtien reste vivant, créatif et universel. Son œuvre, à la fois intime et engagée, prouve que même au cœur des défis, le cinéma haïtien continue de rêver, d’émouvoir et d’exister sur les plus grandes scènes du monde.
Cette reconnaissance internationale ne célèbre pas seulement un artiste, mais tout un pays qui raconte, à travers l’art, sa douleur, sa mémoire et son espoir.
Brinia ELMINIS















