Réflexion sur la place des pères à la fête des Pères
Chaque année, la fête des Mères est célébrée en grande pompe. En revanche, la fête des Pères passe souvent sous silence. Pourquoi cette différence de traitement ? Et que dit-elle sur notre vision du rôle paternel dans la société ?
Une fête discrète, un amour silencieux
Fleurs, poèmes, publicités, et épanchements d’amour sur les réseaux sociaux : la fête des Mères est, à juste titre, une célébration majeure dans de nombreux foyers. Pourtant, à peine quelques semaines plus tard, la fête des Pères se déroule dans une ambiance nettement plus sobre, voire carrément oubliée.
Ce contraste soulève une question importante : pourquoi les pères sont-ils si souvent laissés de côté lors de leur propre jour de reconnaissance ? Une analyse attentive des dynamiques familiales et sociales permet d’en comprendre les raisons profondes.
Le poids des stéréotypes parentaux
Historiquement, la figure maternelle est intimement liée à la douceur, aux soins quotidiens, à l’affection manifeste. La mère est vue comme le cœur du foyer. À l’inverse, le père a longtemps été réduit à un rôle de pourvoyeur ou de figure d’autorité distante.
Ce modèle traditionnel a laissé une empreinte forte dans l’imaginaire collectif. Résultat : les pères sont perçus comme des figures secondaires en matière d’affection et d’éducation, moins dignes d’être fêtés ou mis à l’honneur.
Pourtant, cette vision ne reflète plus la réalité. De nombreux pères aujourd’hui sont aimants, engagés, disponibles. Certains élèvent seuls leurs enfants, d’autres jonglent entre plusieurs emplois pour assurer un avenir meilleur à leur famille. Leur implication mérite autant de reconnaissance que celle des mères.
Quand la séparation devient poison : l’influence des conflits parentaux
Une autre raison, plus intime et parfois taboue, explique aussi pourquoi certains enfants ignorent ou méprisent leur père : les tensions issues de séparations conflictuelles.
Dans bien des cas, des mères blessées par une rupture difficile transmettent, consciemment ou non, leur amertume à leurs enfants. Le père devient alors l’ennemi à abattre, l’indifférent, l’abandonneur — même lorsque ce n’est pas la réalité. Ce phénomène, appelé parfois “aliénation parentale”, prive l’enfant de sa propre relation avec son père et alimente un rejet qui repose davantage sur le ressentiment que sur les faits.
Il ne s’agit pas ici d’accuser ou de généraliser. Il existe aussi des pères défaillants ou violents. Mais il est essentiel de reconnaître que, dans certains cas, ce sont les conflits d’adultes qui empêchent des liens père-enfant de se développer ou de guérir.
Ne pas punir tous les pères pour les fautes de quelques-uns
Il serait injuste de nier les cas douloureux d’abandon ou de violence paternelle. Ces réalités existent et la souffrance qu’elles engendrent est bien réelle. Cependant, elles ne devraient pas effacer les efforts et la présence des pères qui assument pleinement leur rôle, parfois dans des conditions difficiles.
Trop souvent, les fautes des uns jettent une ombre sur le mérite des autres. Trop souvent, les pères sont invisibilisés, considérés comme remplaçables ou accessoires dans l’éducation de leurs enfants. Ce regard mérite d’être déconstruit.
Redonner sa juste place à la paternité
Être père, ce n’est pas uniquement assurer la subsistance matérielle. C’est aussi aimer, guider, écouter, poser des limites, rassurer. La paternité est multiple, humaine, imparfaite – mais essentielle.
La fête des Pères devrait être l’occasion de le rappeler. De dire merci. De reconnaître les efforts silencieux. De réhabiliter l’image du père comme pilier, et non comme option.
Une société plus équilibrée commence par une reconnaissance équitable
Reconnaître les pères, c’est reconnaître l’équilibre de la cellule familiale. C’est renforcer la solidarité dans l’éducation des enfants. C’est encourager les hommes à s’impliquer avec fierté dans leur rôle, malgré les critiques, les jugements ou les silences.
Alors, en ce mois de juin, pensons aussi à eux. À ces hommes qui aiment discrètement, qui soutiennent silencieusement, qui donnent sans toujours recevoir. Parce qu’un père, quand il est là, mérite autant d’amour qu’une mère.
Bwat Nouvèl
















































































































































































































