Un projet de sécurité qui divise et inquiète
Santo Domingo, 27 juin 2025 – Le gouvernement dominicain a officiellement lancé vendredi les travaux d’extension de son mur frontalier avec Haïti. Cette infrastructure, commencée en 2021 sous la présidence de Luis Abinader, vise à freiner l’immigration irrégulière et le trafic transfrontalier dans un contexte de tension grandissante entre les deux pays caribéens.
Objectif officiel : Sécurité nationale et contrôle migratoire
Selon les autorités dominicaines, le mur permettra de « renforcer la sécurité du territoire » et de « mieux gérer les flux migratoires incontrôlés » en provenance d’Haïti, un pays actuellement en crise humanitaire et politique.
> « Il ne s’agit pas d’une séparation de peuples, mais d’une barrière contre l’illégalité », a affirmé Luis Abinader, président dominicain, lors du lancement des travaux.
Le mur est composé de béton armé et de technologies de surveillance (caméras thermiques, drones, capteurs de mouvement), et devrait couvrir à terme près de 400 km sur les 392 km de frontière terrestre.
Une construction controversée, au niveau national et international
La reprise des travaux survient dans un climat déjà tendu. Plusieurs ONG dominicaines et internationales dénoncent un projet discriminatoire :
Amnesty International évoque une « politique d’exclusion».
Des leaders religieux et des défenseurs des droits humains craignent une montée de la xénophobie.
Côté haïtien, la méfiance est palpable. Certains responsables locaux parlent d’un “mur du rejet”, dénonçant un manque de dialogue bilatéral.
Coopération ou isolement ? L’équilibre fragile entre deux voisins
Malgré la volonté affirmée de sécuriser la frontière, plusieurs experts estiment que seule une collaboration régionale forte pourra freiner durablement les réseaux illégaux. Le mur, sans solutions économiques et diplomatiques associées, risque de renforcer les tensions au lieu de les apaiser.
Selon le chercheur en relations internationales Pedro Martínez :
> « Un mur sans plan humanitaire pour Haïti, c’est du ciment sur une fracture. »
Entre sécurité et responsabilité régionale
La décision de la République dominicaine d’étendre son mur frontalier soulève des questions essentielles sur la souveraineté, la sécurité, mais aussi la solidarité caribéenne. Si le contrôle migratoire est un droit d’État, il doit s’accompagner de mesures respectueuses des droits humains et d’un dialogue responsable entre les deux nations.
Car à l’heure où Haïti traverse l’une des pires crises de son histoire, bâtir des murs sans bâtir de solutions durables pourrait n’être qu’un répit illusoire.
Brinia ELMINIS
















































































































































































































