Port-au-Prince, mardi 19 août 2025 – Après plusieurs mois de silence qu’il a qualifié de simples « vacances », l’ancien sénateur du Nord et leader du parti Pitit Dessalines, Moïse Jean-Charles, a marqué sa réapparition politique hier, lundi 18 août 2025, à Delmas 47, devant une foule de militants et de sympathisants en liesse.
« J’étais en vacances, je suis de retour », a-t-il lancé d’entrée de jeu, avant de multiplier les attaques contre les deux têtes de l’exécutif actuel : le Conseil présidentiel de transition (CPT) et la Primature.
Une réapparition politique marquée par des menaces
Moïse Jean-Charles a accusé les neuf membres du CPT et le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé d’être incapables de répondre aux besoins urgents de la population. Il leur reproche de privilégier « des tractations financières » et des « contrats juteux » au détriment de la lutte contre l’insécurité et la misère.
Bien qu’il soit lui-même représenté au CPT par Emmanuel Vertilaire, et que son parti détienne le Ministère de l’Agriculture, il a pris ses distances avec la transition actuelle :
« On ne peut pas cautionner une telle dérive », a-t-il martelé, avant de menacer de faire tomber non seulement le Premier ministre, mais également le CPT dans son ensemble.
Plus inquiétant encore, il a brandi la menace d’un recours à la violence armée : « Si les choses ne changent pas, je prendrai les armes », a averti Moïse Jean-Charles, sous les applaudissements de ses partisans.
Attaques contre la présence étrangère et les médias
Adoptant son registre nationaliste habituel, le chef de Pitit Dessalines s’est insurgé contre la future mission multinationale de sécurité et contre ce qu’il qualifie de « mercenaires étrangers » appelés à rester dix ans en Haïti.
« Je n’accepte pas cette occupation », a-t-il insisté, visant notamment l’ambassade américaine.
Les médias n’ont pas été épargnés non plus. Moïse Jean-Charles a accusé certains journalistes de participer à une campagne de diffamation contre lui, citant directement Garry Pierre-Paul Charles, PDG de Radio Télé Scoop.
« Je demande à ce que la justice fasse son travail », a-t-il déclaré.
Dans un ton encore plus polémique, il a dénoncé la présence de « deux mulâtres » à la tête de l’exécutif, réactivant ainsi les tensions de classe et de couleur dans le pays.
Une figure toujours polarisante
Entre posture révolutionnaire et stratégie calculée, Moïse Jean-Charles reste une figure clivante. Ses partisans voient en lui un défenseur de la souveraineté nationale, tandis que ses détracteurs l’accusent de double discours, rappelant qu’il fait partie intégrante du système qu’il dénonce.
Il y a quelques semaines déjà, il avait tenté, de concert avec Fritz Alphonse Jean, de faire chuter le Premier ministre. Washington avait alors mis en garde contre toute tentative de perturber « l’harmonie » entre le CPT et la Primature. Cette fois, ses propos laissent entendre qu’il pourrait aller plus loin, en visant directement la chute du Conseil présidentiel de transition.
Jean Dalens SEVERE

























































































































