Contrôles dans les hôpitaux, montée de la xénophobie : l’Épiscopat dénonce des pratiques indignes
Saint-Domingue, 9 juillet 2025. La crise migratoire entre Haïti et la République dominicaine continue de susciter de vives réactions. Hier, 8 juillet, la Conférence de l’Épiscopat dominicain (CED) a exprimé ses profondes inquiétudes concernant les méthodes employées par les autorités dominicaines pour contrôler les migrants haïtiens.
Dans une déclaration solennelle publiée à l’issue de son assemblée plénière, l’Église catholique s’oppose fermement à l’utilisation des hôpitaux publics comme lieux de contrôle migratoire. Elle qualifie ces pratiques de « douloureuses » et « contraires à l’Évangile de la charité », soulignant qu’elles mettent en péril la dignité humaine.
« Les hôpitaux ne doivent jamais devenir des postes de contrôle migratoire », ont insisté les évêques.
La CED reconnaît le droit souverain de l’État dominicain à gérer ses frontières. Toutefois, elle appelle à une politique migratoire fondée sur les principes de justice, d’équité et de respect des droits humains. Elle exhorte également les autorités à s’attaquer aux réseaux de traite de migrants, sans distinction, et à rejeter les discours xénophobes et discriminatoires, qu’elle juge dangereux pour la paix entre les peuples.
Le président Abinader justifie sa politique : “Ce n’est pas qu’un problème migratoire”
En réponse, le président Luis Abinader a pris la parole dimanche 7 juillet lors de sa conférence de presse hebdomadaire. Il a défendu avec vigueur la position de son gouvernement, affirmant que la situation actuelle dépasse largement la question migratoire.
« Ce qui se passe en Haïti est une crise multidimensionnelle qui exige des mesures extraordinaires », a-t-il déclaré.
Abinader dit rester attentif aux préoccupations exprimées par les Églises catholique et évangélique, tout en insistant sur la nécessité d’une intervention internationale plus concrète pour faire face à l’effondrement d’Haïti. « Il est temps que les promesses se traduisent en actions », a-t-il ajouté.
Une tension révélatrice d’un malaise profond
Cette prise de position de l’Église marque un tournant dans le débat public en République dominicaine. Elle révèle un clivage croissant entre une politique migratoire sécuritaire et une vision humaniste portée par les institutions religieuses.
La question dépasse les frontières. Elle interpelle sur la manière dont une société traite les plus vulnérables, dans un contexte régional instable. Toute solution durable devra reposer sur un équilibre entre protection nationale, solidarité régionale et respect inconditionnel de la dignité humaine.
Brinia ELMINIS

























































































































