L’ambassadeur Roudy Stanley Penn a exprimé de fortes réserves à l’égard de l’avant-projet de Constitution de 2025, plus précisément contre la proposition d’harmoniser tous les mandats électifs à une durée de cinq ans. Dans une prise de position argumentée, nourrie à la fois par l’histoire constitutionnelle d’Haïti et des exemples tirés de systèmes politiques étrangers, il alerte sur les dangers potentiels d’une telle réforme.
Selon M. Penn, cette tentative d’uniformisation pourrait produire l’effet inverse de celui recherché. « Ce type de synchronisation rigide des mandats ne garantit pas la stabilité. Au contraire, elle risque de provoquer un blocage global du système politique en cas de crise électorale ou institutionnelle », a-t-il affirmé. Il rappelle qu’en Haïti, les expériences de cohabitation et de décalage institutionnel ont souvent permis des respirations démocratiques ou des ajustements progressifs, évitant ainsi des effondrements systémiques.
L’ambassadeur met également en garde contre une perte de flexibilité démocratique. « Chaque mandat répond à une fonction, une temporalité, une responsabilité propre. Réduire tout à une même durée, c’est nier les dynamiques spécifiques du pouvoir législatif, exécutif ou local », souligne-t-il. Pour lui, l’idée d’une stabilité politique ne peut pas reposer sur une simple homogénéisation des calendriers électoraux.
Sur le plan comparatif, il évoque plusieurs pays démocratiques qui maintiennent des calendriers distincts entre les mandats présidentiels, parlementaires ou municipaux. Ces modèles permettent des alternances et des équilibres plus nuancés, selon lui, et offrent un garde-fou contre les dérives autoritaires ou les paralysies complètes du système.
Alors que le débat sur la future Constitution prend de l’ampleur, la voix de l’ambassadeur Penn s’ajoute à celles qui appellent à la prudence. Pour beaucoup, cette sortie publique est un signal clair : toute réforme constitutionnelle, si elle vise la stabilité et la légitimité, doit se construire avec rigueur, mémoire historique et vision démocratique.
Jean Dalens SEVERE

























































































































