Face à la détérioration accélérée de la situation sécuritaire et institutionnelle en Haïti, le Conseil de sécurité des Nations Unies a décidé de prolonger le mandat du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) jusqu’au 31 janvier 2026.
New York, 14 juillet 2025. Par un vote unanime, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2785 (2025), reconduisant le mandat du BINUH, la structure onusienne chargée d’accompagner Haïti dans la restauration de l’ordre démocratique et le rétablissement des institutions publiques. Cette décision intervient alors que le pays est confronté à une explosion de la violence armée, à une paralysie institutionnelle profonde et à un sentiment de désespoir grandissant au sein de la population.
Un signal politique fort au milieu du chaos
Cette reconduction intervient peu après la nomination du diplomate mexicain Carlos G. Ruiz Massieu au poste de Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour Haïti. Il succède à María Isabel Salvador, dont le mandat a été marqué par une intensification des crises et une expansion sans précédent de l’emprise des gangs armés.
Ancien chef de mission des Nations Unies en Colombie, Carlos G. Ruiz Massieu est reconnu pour son expertise dans la gestion des transitions post-conflit. Sa nomination suggère un changement d’approche de la part de l’ONU, qui semble vouloir privilégier une stratégie plus opérationnelle, davantage ancrée sur le terrain, axée sur la sécurité, la gouvernance et la protection des droits humains. »
Le BINUH, un acteur attendu mais contesté
En Haïti, cette décision est accueillie avec prudence. De nombreux citoyens, militants et membres de la diaspora mettent en doute l’efficacité des précédentes missions onusiennes, souvent accusées de n’avoir apporté que peu de résultats tangibles. Créé en 2019 pour succéder aux anciennes missions de maintien de la paix, le BINUH a pour mandat d’assurer un appui technique aux autorités haïtiennes. Mais dans un contexte d’effondrement généralisé de l’État, sa capacité réelle à peser sur les événements est largement remise en question.
Une reconduction utile… mais qui doit produire des résultats
La prolongation du BINUH jusqu’en janvier 2026 envoie un message clair de la part de la communauté internationale : Haïti ne sera pas laissée à elle-même. Toutefois, cette décision ne portera ses fruits que si elle s’accompagne de mesures concrètes sur le terrain.
Le bureau devra travailler en urgence sur :
- Le rétablissement de la sécurité, notamment à Port-au-Prince, contrôlée à plus de 80 % par des gangs armés ;
- Le soutien à une gouvernance de transition crédible, en lien avec les acteurs haïtiens ;
- La préparation d’élections transparentes, garantes d’un retour à l’ordre constitutionnel ;
La justice et la lutte contre l’impunité, exigées par une population lassée des promesses non tenues.
L’avenir du BINUH : entre scepticisme et espoir
Le succès de cette mission dépendra de sa capacité à s’adapter aux réalités du terrain et à regagner la confiance des Haïtiens. Sans avancées concrètes dans les mois à venir, le BINUH risque, à l’instar de ses prédécesseurs, de devenir un symbole de plus de l’inefficacité de l’action internationale en Haïti.
La reconduction de son mandat ne peut se réduire à un simple geste diplomatique : elle doit incarner un engagement réel en faveur d’une Haïti stable, souveraine et véritablement entendue.
Brinia ELMINIS

























































































































