Port-au-Prince, lundi 15 septembre 2025 – Dans un rapport rendu public ce lundi, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) alerte la population sur la dangerosité des « appels au retour » lancés par plusieurs chefs de gangs, en dépit des violences sanglantes et dévastatrices perpétrées récemment dans divers quartiers de la capitale.
L’organisme rappelle qu’entre 2019 et 2025, pas moins de dix-neuf initiatives de ce type ont été recensées, chacune visant des habitants violemment contraints à l’exil. Le plus récent appel, lancé fin août par Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », exhortait les résidents de Delmas, Nazon et Solino à regagner leurs domiciles.
Des « accords de paix » fallacieux
Le RNDDH souligne que ces initiatives, souvent présentées comme des « accords de paix », ne constituent en réalité que des trêves fragiles et ponctuelles, motivées par des intérêts purement économiques. Selon l’organisation, les groupes armés cherchent à instrumentaliser la population déplacée, l’utilisant comme rempart humain contre d’éventuelles opérations des forces de l’ordre.
Le massacre de Laboderie, dans la commune de Cabaret où plus d’une cinquantaine de personnes, parmi lesquelles des enfants et des personnes âgées, ont été froidement exécutées, est cité comme exemple éloquent du péril encouru lorsque de tels appels sont suivis.
L’inaction de l’État mise en cause
Le rapport dénonce avec vigueur l’inaction persistante des autorités publiques, accusées de laisser les citoyens livrés à eux-mêmes face à la terreur des gangs. Le RNDDH rappelle que la garantie de la sécurité relève exclusivement de l’État et non de groupes criminels.
L’organisation formule plusieurs recommandations, parmi lesquelles :
le démantèlement effectif des gangs armés ;
la poursuite judiciaire des responsables impliqués dans les crimes commis depuis 2018 ;
l’indemnisation des victimes et survivants ;
la mise en place d’un processus inclusif intégrant la société civile ;
la protection réelle et durable des populations déplacées.
Contradictions et dérives institutionnelles
Par ailleurs, l’organisme critique sévèrement les démarches de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), qu’il accuse de chercher à blanchir certains individus pourtant impliqués dans des actes de violence notoires.
Sur le terrain, le retour timide de certains habitants à Solino, Nazon et Delmas révèle l’ampleur des destructions : habitations incendiées, établissements scolaires et religieux réduits en ruines, entreprises systématiquement pillées. « Tout a été volé, même les portes », déplore un ancien résident, atterré devant l’ampleur des dégâts.
Alors que la Police Nationale d’Haïti (PNH) avait elle-même, dès le 30 août, exhorté la population à la prudence, estimant que ces appels n’étaient qu’un piège, le RNDDH insiste sur l’urgence d’une action étatique forte. Sans un rétablissement effectif de conditions sécuritaires minimales, les initiatives des gangs risquent de perpétuer le cycle de violence, de manipulation et de désespoir au sein de la capitale.
Jean Dalens SEVERE

























































































































