Entre méfiance historique, crise identitaire et intérêts économiques divergents, les relations entre Haïti et la République dominicaine restent fragiles. Le chercheur Inel Torchon, dans une récente analyse, invite les deux nations à rompre avec la logique de confrontation pour adopter une diplomatie basée sur la compréhension mutuelle.
Depuis des décennies, l’histoire entre les deux pays est marquée par des tensions profondes. Le massacre de 1937, les expulsions répétées et les discriminations contre les Haïtiens ont laissé des traces indélébiles dans la mémoire collective. Pour Inel Torchon, reconnaître ces douleurs sans chercher à les dissimuler est la première étape vers une réconciliation réelle.
« On ne bâtit pas l’avenir sur le déni, mais sur la vérité et le respect mutuel », rappelle-t-il.
Les désaccords actuels tournent autour de la migration, du commerce frontalier, de la gestion des ressources en eau et des déséquilibres économiques. Mais, au-delà des chiffres et des frontières, c’est un problème d’identité qui persiste : chaque peuple s’est construit en opposition à l’autre.
Face à ces tensions, Inel Torchon mise sur une diplomatie d’écoute et de compréhension. Il appelle à des initiatives concrètes échanges éducatifs, coopérations culturelles, programmes frontaliers pour créer des passerelles entre les deux sociétés. Selon lui, ce sont les liens humains et culturels, plus que les discours politiques, qui ouvriront la voie à une coexistence durable.
Torchon estime qu’une réconciliation sincère entre Port-au-Prince et Saint-Domingue pourrait transformer l’île en un acteur stratégique dans la Caraïbe. En combinant la vitalité économique dominicaine et le potentiel humain haïtien, les deux pays pourraient devenir une puissance régionale capable d’attirer des investissements et d’imposer une voix commune dans les instances internationales.
Le chercheur invite les organisations comme la CARICOM, l’OEA et l’ONU à soutenir ce processus sans le diriger. La réconciliation, insiste-t-il, doit venir d’une volonté proprement caribéenne et des peuples eux-mêmes.
Haïti et la République dominicaine partagent la même terre, mais elles doivent apprendre à partager un même destin. Inel Torchon appelle à la création de commissions mixtes, de projets économiques communs et à une éducation tournée vers la compréhension mutuelle.
Pour lui, la réconciliation n’est pas une utopie : c’est une urgence historique. Sans elle, dit-il, « l’île restera divisée dans son cœur, même unie par la géographie. »
Jean Dalens SEVERE

























































































































