Dans la nuit du 5 juillet 2025, le légendaire Hôtel Oloffson, emblème culturel et architectural de Port-au-Prince, a été entièrement ravagé par les flammes. Ce drame national marque la disparition d’un monument vivant de l’histoire haïtienne.
Un héritage centenaire anéanti
Situé à Carrefour-Feuilles, au cœur de la capitale haïtienne, l’Hôtel Oloffson n’était pas un simple bâtiment. Il était un sanctuaire de mémoire, de culture et d’art, debout depuis la fin du XIXe siècle. Initialement construit comme résidence privée pour la famille Sam, il représentait l’un des plus beaux exemples de l’architecture gingerbread, emblématique du patrimoine haïtien.
Transformé en hôtel en 1935 par un capitaine de marine suédois, Oloffson est rapidement devenu un carrefour de la vie intellectuelle et artistique. Il a accueilli des figures illustres telles que Graham Greene, Jacqueline Kennedy ou encore Mick Jagger. Le romancier britannique Graham Greene s’en est même inspiré pour le décor de son célèbre roman Les Comédiens (1966).
RAM, la musique et la résistance
Dans les années 1990, sous la direction du musicien Richard Morse, l’établissement devient le repaire du groupe RAM. Ce groupe fusionne les rythmes du rara haïtien avec le rock et les traditions vaudou. L’Oloffson devient alors bien plus qu’un hôtel : un haut lieu de résistance culturelle face aux crises socio-politiques qui secouent le pays.
Un acte criminel contre l’âme d’Haïti
D’après les premières informations, l’incendie serait d’origine criminelle, et attribué à la coalition armée “Viv Ansanm”. Il ne s’agit pas uniquement d’un acte de destruction matérielle, mais d’une attaque contre la mémoire collective, contre l’âme même d’Haïti.
C’est Richard Morse, en personne, qui a confirmé la tragédie via ses réseaux sociaux, déclenchant une vague d’émotion, d’indignation et de deuil à travers le pays et au sein de la diaspora.
Une perte irrémédiable
La disparition de l’Hôtel Oloffson ne représente pas seulement la perte d’un édifice historique, mais celle d’un symbole de création, de résistance et d’identité. Ce drame rappelle l’urgence de préserver nos trésors culturels, nos lieux de mémoire, constamment menacés par la violence, l’oubli et l’indifférence.
Haïti vient de perdre une partie de son âme. Et ce vide ne se comblera pas dans le silence.
Brinia ELMINIS
















































































































































































































