Port-au-Prince, 21 août 2025 – Un véritable séisme secoue le milieu judiciaire haïtien. Le commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Port-au-Prince, Me Frantz Monclair, a été révoqué ce mercredi, moins de vingt-quatre heures après avoir ordonné la libération de l’ancien sénateur des Nippes, Nenel Cassy.
Une décision qui choque
Arrêté et placé en détention à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), Nenel Cassy faisait face à de lourdes accusations : complot contre la sûreté intérieure de l’État, financement d’organisations criminelles, complicité d’assassinat et association de malfaiteurs.
Sa libération, jugée précipitée et controversée, a immédiatement déclenché une onde de choc. Plusieurs voix, au sein même de l’appareil judiciaire, ont dénoncé un acte contraire aux intérêts de la justice et de l’État.
Le prix d’un choix
En autorisant la remise en liberté d’un prévenu impliqué dans des dossiers aussi sensibles, Frantz Monclair savait qu’il prenait un risque. Mais la rapidité de sa révocation montre la volonté des autorités de désavouer publiquement sa décision.
Selon une source proche du parquet, la Primature aurait exercé une forte pression pour sanctionner ce qu’elle considère comme une « faute grave » et un geste susceptible d’encourager l’impunité.
Entre justice et politique
Ce nouvel épisode illustre une fois de plus l’imbrication étroite entre justice et politique en Haïti. Pour les partisans de Nenel Cassy, l’ancien sénateur est victime de persécutions politiques. Mais pour une grande partie de l’opinion publique, sa libération symbolise une justice sélective, soumise aux rapports de force du moment.
« C’est la crédibilité même de l’appareil judiciaire qui est en jeu », analyse un professeur de droit constitutionnel. « Lorsqu’une décision de justice entraîne immédiatement une sanction administrative, la frontière entre indépendance et ingérence devient floue ».
Et maintenant ?
Pour l’instant, les autorités n’ont pas encore annoncé le nom du remplaçant de Frantz Monclair. Mais plusieurs magistrats estiment qu’une enquête interne devrait être ouverte afin de clarifier les circonstances exactes de la libération de Nenel Cassy.
En attendant, l’affaire alimente les débats sur l’avenir de la justice en Haïti, déjà fragilisée par des accusations de corruption, des pressions politiques et un climat d’insécurité généralisée.
La révocation de Frantz Monclair, perçue par certains comme un geste d’autorité, risque aussi d’alimenter la méfiance envers un système judiciaire constamment accusé de partialité. Dans ce contexte, le dossier Nenel Cassy pourrait bien devenir un nouveau test pour mesurer la capacité de l’État haïtien à faire respecter l’État de droit.
Jean Dalens SEVERE

























































































































