Le 7 mars 2025, Fritz Alphonse Jean accède à la coordination du Conseil présidentiel de Transition (CPT), succédant à Edgard Leblanc Fils et Leslie Voltaire. Porté par l’Accord de Montana, il promettait une rupture avec l’inaction politique. Trois mois plus tard, son mandat s’achève sur un goût d’échec et d’illusions perdues. Bilan : zéro.
Un espoir vite éteint
Représentant de l’Accord Montana au CPT, Fritz Alphonse Jean incarnait, pour une partie de la population, une lueur d’espoir. Ancien gouverneur de la Banque centrale et intellectuel respecté, il annonçait d’entrée de jeu une stratégie offensive contre les gangs : un « budget de guerre » pour restaurer la sécurité.
Ce budget rectificatif, adopté en Conseil des ministres, devait marquer un tournant. Pourtant, sur le terrain, la situation s’est aggravée. Non seulement les gangs n’ont pas reculé, mais de nouveaux territoires comme La Chapelle et Liancourt sont tombés sous le contrôle de la coalition criminelle Viv Ansanm. La réalité a balayé les promesses.
Une gouvernance bloquée
Au-delà de l’échec sécuritaire, c’est la paralysie de l’exécutif qui a marqué la présidence de Fritz Alphonse Jean. En trois mois, seuls trois conseils des ministres ont eu lieu sans aboutir à la moindre mesure concrète pour la population. Son mandat s’est vite apparenté à une impasse administrative.
Ses tensions ouvertes avec d’autres membres du CPT et du gouvernement ont nourri un climat de méfiance et d’inefficacité. Loin de rassembler, il a isolé la Présidence, aggravant ainsi la crise de gouvernance au sein d’une institution déjà fragile.
Des discours, mais peu d’actions
Au lieu d’agir, Fritz Alphonse Jean s’est enfermé dans une posture de dénonciation : des « secteurs mafieux » seraient, selon lui, responsables de la déstabilisation du pays. Mais aucune preuve solide, aucune action judiciaire ou politique n’a suivi ces accusations.
Résultat : un discours creux, déconnecté des attentes du peuple. La population attendait des réponses concrètes à l’insécurité, à la crise humanitaire, à la dégradation de l’État et à des plaintes sans suite.
Un passage sans trace
Ce 7 août 2025, Laurent Saint-Cyr prend la relève à la tête du CPT. Il hérite d’un exécutif sans direction claire, d’une situation sécuritaire chaotique et d’une gouvernance affaiblie. Quant à Fritz Alphonse Jean, il devra présenter son bilan de coordination. Mais que pourra-t-il dire, face à l’évidence ? Aucun projet achevé, aucune réforme lancée, aucun signal d’espoir envoyé à la population.
Son mandat, comme ceux de ses prédécesseurs, se résume à une transition sans transformation.
Haïti mérite mieux
Fritz Alphonse Jean a occupé le pouvoir, mais sans exercer de leadership. Sa présidence illustre les limites d’un Conseil présidentiel qui, faute de vision commune et de volonté politique, échoue à répondre aux urgences nationales.
À l’heure où la crise haïtienne exige des décisions fortes et un cap clair, le pays ne peut plus se contenter de dirigeants symboliques. Il est temps de sortir de l’immobilisme, de rompre avec les luttes d’influence internes et de reconstruire un État capable de garantir sécurité, justice et dignité à son peuple.
Brinia ELMINIS

























































































































