Port-au-Prince, le 29 août 2025_Après l’annonce du retrait des « soldats » du regroupement criminel Viv Ansanm dirigé par Jimmy Chérisier alias « Barbecue », les quartiers de Nazon, Delmas 30 et Solino connaissent un semblant d’accalmie. Mais pour les habitants déplacés, ce répit reste fragile et la peur d’un retour des violences persiste.
Les stigmates de la violence
Maisons incendiées, murs criblés de balles, rues désertées : l’empreinte des gangs demeure partout. À Solino, un ancien résident raconte : « Tout a été volé, même les portes. Je ne peux rien faire dans ce chaos. » Malgré une vaste opération de nettoyage engagée par la mairie de Delmas jusqu’à Carrefour Aéroport, le paysage reste celui d’une zone de guerre.
Des familles déplacées et brisées
À l’école nationale de l’Équateur, transformée en camp improvisé, une mère de quatre enfants témoigne : « Kay la fini net. Même si l’État me donnait 100 000 dollars, ça ne suffirait pas. » D’autres insistent pour que les crimes commis ne soient pas effacés par ce retrait. « Ils ont tiré, incendié, détruit des vies », rappelle un déplacé.
Entre espoir et méfiance
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), près de 13 000 personnes ont fui leurs maisons ces derniers mois à Carrefour-Feuilles, Fort National, Delmas 30 et Tabarre. Beaucoup survivent sous des tentes dans des conditions précaires. « On ne peut pas parler de retour, la zone n’est pas encore vivable », confie un jeune réfugié de Delmas 9.
Des habitants rappellent aussi que ce type de retrait s’apparente souvent à une tactique. « Yo pa janm kite nèt », analyse un ancien de Solino.
Une accalmie sous menace permanente
Depuis juin 2025, les gangs étendent leur contrôle dans le sud de la capitale. Ni la Police nationale d’Haïti (PNH), affaiblie, ni la Mission multinationale de sécurité ne parviennent à inverser durablement la tendance. Cette impuissance nourrit l’incertitude : la paix semble n’être qu’un mirage.
Dans les ruines de Delmas 30 et de Nazon, le silence des armes ne suffit pas encore à ramener la vie. Pour les déplacés, l’attente continue : celle d’un véritable retour à la sécurité et à la dignité.
Bwat Nouvèl
















































































































































































































