
Cohérence et responsabilité : l’exigence de rigueur dans la transition haïtienne
Dans un contexte où la transition politique peine à produire des résultats tangibles, l’intervention de l’ex-sénateur Jean Renel Sénatus ravive un débat essentiel : celui de la cohérence, de la responsabilité et de la crédibilité des acteurs engagés dans la gestion de la crise haïtienne.
Les critiques formulées par l’ancien parlementaire ne se limitent pas au Conseil présidentiel de transition (CPT). Elles questionnent un principe fondamental de la vie publique : nul ne peut se réclamer simultanément du pouvoir et de l’opposition. Selon Me Sénatus, plusieurs structures représentées au sein du CPT renforcent l’instabilité politique en adoptant cette double posture, compromettant ainsi leur capacité à gouverner de manière efficace.
Plus de deux ans après la création du CPT, les avancées attendues ne se sont pas matérialisées. La transition, estime-t-il, s’est caractérisée par des hésitations successives, tandis que la situation nationale ne cesse de se dégrader. Ce constat, bien que sévère, s’inscrit dans la mission d’information du journaliste : exposer des faits, contextualiser les enjeux et présenter les positions des acteurs sans déformation ni partialité.
Cette prise de position met également en lumière un phénomène récurrent : la volonté de certains acteurs, malgré l’échec avéré de la transition actuelle, de se repositionner pour en diriger une nouvelle. Me Sénatus souligne la contradiction : comment prétendre conduire un processus de transition lorsque l’on a soi-même failli dans une entreprise similaire ? Cette réflexion interroge directement la légitimité de ceux qui aspirent aujourd’hui à jouer un rôle de premier plan.
Replacer cette déclaration dans le parcours de Jean Renel Sénatus permet d’en saisir la cohérence. Ancien magistrat puis sénateur, il s’est forgé une réputation d’acteur politique attaché à l’éthique publique, à la discipline institutionnelle et à la responsabilité citoyenne. Sa prise de parole actuelle s’inscrit dans cette continuité : elle vise moins à dénoncer qu’à exiger un sursaut de rigueur de la part des dirigeants.
L’analyse de cette sortie publique à travers le prisme de la déontologie journalistique rappelle une exigence : informer sans juger, éclairer sans influencer, contextualiser sans déformer. Les propos de Sénatus offrent un matériau pertinent pour comprendre les tensions internes qui minent la transition et fragilisent la gouvernance.
Au-delà des critiques, l’intervention de Jean Renel Sénatus réaffirme un impératif incontournable : les acteurs politiques doivent adopter une ligne claire, cohérente et assumée. Dans une Haïti en quête de stabilité, la crédibilité publique n’est plus optionnelle ; elle constitue le socle même de toute reconstruction institutionnelle. La transition ne pourra avancer que par des responsables capables d’assumer leurs bilans, de reconnaître leurs limites et d’abandonner définitivement la double posture qui fragilise la confiance citoyenne.
Brinia ELMINIS









































































































































































