
D’emblée, l’annonce faite à New York, selon laquelle la force internationale n’arrivera qu’en 2026, redéfinit brutalement le calendrier sécuritaire haïtien. Alors que les États-Unis et le Canada tentaient de réaffirmer l’engagement de la communauté internationale, ce nouveau délai crée une zone d’incertitude qui pèse lourdement sur un pays déjà fragilisé par la violence armée, l’effondrement institutionnel et l’absence d’un leadership opérationnel stable.
Par ailleurs, ce report intervient à un moment où les groupes armés consolident leur contrôle territorial, multiplient les alliances stratégiques et franchissent de nouveaux seuils de violence. L’effet immédiat de cette prolongation d’attente est clair : elle offre aux acteurs criminels un espace supplémentaire pour étendre leur influence, renforcer leur arsenal et imposer davantage leur logique de terreur. Ce vide sécuritaire prolongé risque de devenir irréversible si aucune mesure intérimaire n’est mise en œuvre.
En outre, la population civile demeure la première victime de cette paralysie internationale. Les déplacés internes dépassent désormais les centaines de milliers, les couloirs humanitaires sont constamment menacés, et les services publics essentiels, santé, éducation, approvisionnement en eau, fonctionnent à peine. L’incertitude concernant le déploiement international nourrit la méfiance, accentue la fatigue collective et érode encore plus la confiance envers l’État et ses partenaires étrangers.
De surcroît, les autorités haïtiennes sont confrontées à une pression accrue. Le gouvernement de transition, déjà contesté, peine à démontrer sa capacité à sécuriser le territoire ou à coordonner une réponse nationale cohérente. Le retard du soutien international place davantage de responsabilités sur une administration qui manque de moyens, de cohésion et de leviers opérationnels pour maîtriser la situation. Sans stratégie locale renforcée, l’arrivée tardive d’une force étrangère pourrait être insuffisante pour inverser la dynamique actuelle.
En définitive, le report du déploiement de la force internationale à 2026 ne laisse à Haïti aucune marge d’erreur. Le pays entre dans une zone de vulnérabilité où chaque décision, chaque retard et chaque absence de coordination peuvent coûter des vies et affaiblir davantage l’État. Il ne s’agit plus d’attendre, mais d’agir avec lucidité et rigueur. Les partenaires internationaux doivent accélérer le soutien concret, et les autorités haïtiennes doivent assumer pleinement leur responsabilité historique : préserver la nation de l’effondrement total. Toute hésitation désormais serait non seulement coupable, mais irréversible.
Brinia ELMINIS








































































































































































