
Face à une transition qui s’enlise et à des institutions paralysées, plus de 200 structures politiques et sociales annoncent une nouvelle feuille de route pour tenter de sortir Haïti de l’impasse.
Plus de 200 partis politiques, organisations de la société civile, syndicats, associations paysannes, regroupements étudiants, plateformes de la diaspora et leaders communautaires ont officiellement présenté, le samedi 29 novembre 2025, le Consensus politique pour le redressement national et la réorientation de la transition. L’initiative, soutenue notamment par EDE de Claude Joseph et Pitit Dessalines de Moïse Jean-Charles, se veut une alternative à l’actuelle transition dont le mandat expire le 7 février 2026.
Devant une foule de sympathisants et de militants rassemblés pour l’occasion, l’ancien ministre du Commerce et ex-député Jonas Coffy a rappelé les objectifs initiaux fixés à la transition : rétablir la sécurité, lancer une réforme constitutionnelle et institutionnelle, puis organiser des élections crédibles dans un délai d’un an. « Dix-neuf mois plus tard, aucun de ces objectifs n’a été atteint », a-t-il déploré.
Pour les promoteurs du consensus, ce constat d’échec impose une nouvelle méthode : concertation, écoute mutuelle et responsabilité partagée. Le document présenté ambitionne de réorienter la transition, de rétablir un minimum de confiance envers les institutions et de remettre le pays sur le chemin de la légalité démocratique.
L’ancien sénateur Dieusseul Simon Desras a décrit le consensus comme « une issue possible, une porte de sortie, même avant le 7 février 2026 », estimant qu’il pouvait servir d’outil de pacification. De son côté, Moïse Jean-Charles, leader de Pitit Dessalines, a appelé la population à la mobilisation, rappelant que selon lui, « le 7 février, le CPT et le Premier ministre devront quitter le pouvoir ».
Claude Joseph, dirigeant du parti EDE, a insisté sur le caractère non partisan du document : « Le consensus n’appartient à aucun parti. Ni EDE, ni Pitit Dessalines, ni aucun autre groupe ne peut se l’approprier. Ce consensus est pour Haïti. » Il a invité les acteurs politiques à dépasser leurs rivalités pour prioriser l’intérêt national.
L’une des propositions phares du document est l’instauration d’un exécutif bicéphale, composé d’un Président issu soit de la Cour de cassation, soit de la société civile, et d’un Premier ministre. Cette architecture viserait à rééquilibrer les pouvoirs et à offrir une gouvernance jugée plus représentative pendant la période transitoire.
Au terme de la cérémonie, une évidence demeure : le consensus est désormais public, mais sa mise en œuvre reste entourée d’incertitudes. Reste à savoir si les signataires sauront transformer leurs engagements en actions concrètes, dans un pays où plusieurs initiatives similaires ont échoué par le passé. L’enjeu est immense : reprendre le contrôle de la transition et éviter un nouveau vide politique à l’approche du 7 février 2026.
Carina PETIT-HOMME










































































































































































