Le mouvement citoyen KOZE JÈN YO a pris acte, avec attention et vigilance, de la soumission à la Nation haïtienne de l’avant-projet de Constitution par le Comité de pilotage de la Conférence nationale. Tout en saluant certains progrès, l’organisation dénonce vigoureusement le maintien de restrictions d’âge injustifiées pour l’accès à plusieurs fonctions publiques.
Ce nouveau texte, actuellement à l’état de proposition, introduit des seuils d’âge révisés pour diverses responsabilités publiques :
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21 ans révolus pour devenir Maire ou Député (articles 66-2 et 74)
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25 ans révolus pour devenir Sénateur, Secrétaire d’État ou Ministre (articles 78 et 147)
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30 ans révolus pour être élu Président (article 121)
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30 ans révolus pour être nommé Conseiller électoral (article 173-4)
Bien que ces ouvertures représentent une avancée par rapport aux exigences antérieures, elles restent, selon KOZE JÈN YO, en contradiction flagrante avec les principes républicains d’égalité et d’inclusion.
Un texte qui proclame l’égalité mais instaure une inégalité par l’âge
L’article 14-1 du projet reconnaît clairement l’âge de la majorité à 18 ans, et l’article 14 établit que tout citoyen peut jouir de ses droits civils et politiques dès cet âge. Dès lors, empêcher un citoyen adulte de se présenter à certaines fonctions pour des raisons d’âge constitue une discrimination manifeste, contraire aux engagements même du préambule de la Constitution, qui entend éliminer toute forme de discrimination.
« On ne peut pas d’un côté reconnaître qu’un citoyen est pleinement adulte à 18 ans, apte à voter, à être jugé, à contribuer aux finances publiques, et de l’autre lui interdire d’être candidat ou nommé sous prétexte d’âge », déclare Sonel JOSEPH, Coordonnateur Général de KOZE JÈN YO.
Une revendication claire : l’âge de la citoyenneté doit être l’âge de l’éligibilité
Depuis 2024, l’organisation mène un plaidoyer actif pour l’harmonisation entre l’âge légal de la majorité et l’âge d’éligibilité ou de nomination. Cette bataille a été portée directement devant le groupe de travail constitutionnel, et certaines concessions semblent en être issues. Néanmoins, KOZE JÈN YO considère ces avancées comme incomplètes et insuffisantes.
Le mouvement propose :
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L’abaissement à 18 ans de toutes les conditions d’âge pour accéder à une fonction publique, sauf cas d’exigences techniques ou judiciaires avérées.
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La suppression des fourchettes discriminatoires, notamment celles limitant la jeunesse à des rôles secondaires.
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La reconnaissance pleine et entière de la jeunesse comme force politique, sans condition restrictive basée sur l’âge.
Un appel au courage politique du Comité de pilotage
Tout en saluant l’ouverture du dialogue et le travail du Comité de pilotage, KOZE JÈN YO exhorte ses membres à aller jusqu’au bout de la logique démocratique, en garantissant un accès équitable aux fonctions publiques dès la majorité. Dans un pays où plus de 60% de la population a moins de 30 ans, exclure cette majorité de la gouvernance revient à organiser leur marginalisation.
« Ce texte n’est pas définitif. Il peut encore être révisé. Et cette révision doit consacrer le droit de tout citoyen majeur à participer pleinement à la vie publique », insiste Joseph.
Jean Dalens SEVERE