Au lendemain du tirage au sort qui place Haïti dans le groupe C de la prochaine compétition internationale aux côtés du Brésil, du Maroc et de l’Écosse, une rencontre organisée à l’Ambassade d’Haïti à Washington a révélé bien plus qu’un simple geste protocolaire. Elle a offert une image tangible du chemin parcouru par la sélection nationale, entre héritage, résilience et continuité institutionnelle.
Avant tout, la présence de l’ambassadeur Lionel Delatour a donné à l’événement une dimension officielle qui dépasse le cadre sportif. En réunissant anciens et nouveaux visages du football haïtien, l’ambassade a souligné la volonté de créer un espace symbolique où l’État, la diaspora et les acteurs du jeu s’inscrivent dans une démarche commune : affirmer que la qualification d’Haïti n’est pas un hasard, mais le fruit d’un travail soutenu malgré les crises successives.
À cela s’ajoute que la participation de Wilner Nazair, ancien capitaine de la sélection qualifiée pour la Coupe du Monde 1974, a servi de rappel puissant. Son simple témoignage physique a relié deux époques : celle de la première génération dorée du football haïtien et celle d’aujourd’hui, portée par Metusala, Passius, Derick Étienne et Deedson. Ce dialogue intergénérationnel a matérialisé une transition longtemps attendue, qui s’appuie sur la mémoire pour nourrir l’avenir sans la déformer.
Dans le prolongement, la présence conjointe de l’entraîneur Sébastien Minier et de la présidente du Comité de Normalisation, Monique André, a renforcé l’idée que la reconstruction sportive repose désormais sur une architecture institutionnelle assumée. Leur participation rappelle que, malgré les critiques et les incertitudes, le processus en cours vise à ramener cohérence, professionnalisme et stabilité au football haïtien. Dans un contexte où chaque décision est observée, leur alignement public envoie un signal de responsabilité partagée.
Par ailleurs, l’atmosphère chaleureuse et les échanges ouverts observés au sein de l’ambassade montrent que les acteurs du football haïtien ont compris l’importance de se rassembler à un moment charnière. Loin des tensions habituelles, cette rencontre a mis en avant la nécessité d’unir les forces vives autour d’un projet sportif réaliste mais ambitieux : entrer dans la compétition avec lucidité, discipline et un sens renouvelé du devoir collectif.
Enfin, cet événement diplomatique met en lumière le parcours de la sélection haïtienne jusqu’à aujourd’hui. Entre instabilité politique, contraintes logistiques, changements d’entraîneurs et absence de matches à domicile, les Grenadiers ont avancé avec détermination. Leur qualification témoigne du fait qu’une discipline structurée, même dans un contexte fragile, peut transformer un objectif lointain en perspective crédible. Ce rassemblement à Washington a ainsi reflété les obstacles franchis, mais aussi ceux qui restent à surmonter.
En définitive, cette rencontre à l’Ambassade d’Haïti ne fut pas un simple événement protocolaire : elle a traduit l’unité, la continuité et la maturité nécessaires à la préparation d’un moment historique. À l’approche de la compétition, Haïti avance avec un héritage assumé, une gouvernance consolidée et une sélection qui porte désormais la responsabilité de convertir l’espoir en performance. L’avenir reste ouvert, mais il se construit désormais sur des bases plus solides, plus visibles et, surtout, plus collectives.
Brinia ELMINIS








































