Dans un contexte économique marqué par la fragilité des structures productives et la nécessité de relancer l’activité locale, le Ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI) a lancé, le 9 décembre 2025, un appel à manifestation d’intérêt dans le cadre de la deuxième cohorte du Projet d’Appui à l’Entrepreneuriat Féminin (PAEF). Cette initiative vise à identifier et accompagner des projets portés par des femmes entrepreneures sur l’ensemble du territoire national.
D’emblée, cette nouvelle phase du PAEF s’inscrit dans la continuité des politiques publiques cherchant à renforcer la participation des femmes à l’économie formelle. En ciblant des secteurs stratégiques tels que l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’industrie, le tourisme, le recyclage, la technologie, l’artisanat et le transport, le MCI entend soutenir des activités à fort potentiel de création de valeur et d’emplois.
Dans cette perspective, le projet privilégie des initiatives considérées comme économiquement viables et socialement utiles. Les projets soumis doivent ainsi être novateurs, générateurs de revenus et engagés dans une dynamique de croissance ou de modernisation. Ce choix traduit une volonté de dépasser l’approche assistancielle pour favoriser un entrepreneuriat structurant, capable de contribuer durablement au tissu productif national.
Par ailleurs, les critères d’éligibilité fixés par le MCI mettent l’accent sur la responsabilité entrepreneuriale. Les candidates doivent être dirigeantes d’entreprise, physiquement établies en Haïti et directement impliquées dans la gestion de leur activité. En revanche, les entreprises ayant déjà bénéficié d’un autre programme du ministère sont exclues, une mesure visant à garantir une répartition plus équitable des ressources publiques.
De plus, cette seconde cohorte intervient après une première phase qui a permis de tester le dispositif, d’identifier ses limites et d’affiner les mécanismes d’accompagnement. Sans dresser de bilan définitif, les autorités présentent le PAEF comme un outil d’apprentissage institutionnel, appelé à évoluer en fonction des réalités du terrain et des besoins exprimés par les entrepreneures elles-mêmes.
Dans un autre registre, l’initiative soulève également des attentes fortes quant à sa mise en œuvre effective. Pour de nombreuses observatrices, le succès du programme dépendra non seulement de la sélection des projets, mais aussi de la transparence du processus, de la qualité de l’accompagnement technique et de la capacité de l’État à assurer un suivi rigoureux dans la durée.
Ainsi, au-delà de l’appel à candidatures, le PAEF pose la question plus large de la place des femmes dans la reconstruction économique du pays. Dans un environnement marqué par l’informalité et l’instabilité, soutenir l’entrepreneuriat féminin apparaît comme un levier stratégique, à condition que les engagements institutionnels se traduisent par des résultats mesurables.
Avec le lancement de la seconde cohorte du PAEF, le Ministère du Commerce et de l’Industrie réaffirme son ambition de faire de l’entrepreneuriat féminin un pilier du développement économique haïtien. Toutefois, l’efficacité de cette initiative sera jugée à l’aune de sa capacité à conjuguer équité, rigueur et impact réel. Plus qu’un symbole, le PAEF est désormais attendu comme un instrument concret de transformation économique et sociale.
Brinia ELMINIS



