
Alors que la situation sécuritaire continue de se dégrader en Haïti, l’engagement international s’affirme enfin. Les États-Unis et le Canada coorganisent ce mardi 9 décembre, à New York, une conférence décisive consacrée à la mise en place d’une force multinationale chargée de réprimer les gangs armés. Soutenue par de nouveaux contributeurs tels que le Brésil et le Canada, cette mission ambitionne de déployer des équipements sophistiqués pour restaurer l’ordre.
Mais, un élément majeur tempère cet élan : selon une source onusienne, le déploiement effectif de cette force n’est prévu qu’en mars 2026. Cette échéance tardive soulève une interrogation centrale : comment le pays fera-t-il face aux quatre mois d’insécurité extrême qui s’annoncent ?
À New York, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé participe aux discussions visant à garantir des engagements financiers et logistiques solides, dans l’espoir de rompre avec les limites et les échecs des missions internationales précédentes.
Cependant, l’horizon de 2026 crée une véritable fenêtre de vulnérabilité. Le Conseil présidentiel de transition (CPT), déjà accusé par certains d’avoir « totalement échoué » dans sa mission, devra tenter de contenir des gangs toujours plus puissants avec des moyens minimalistes. La population demeure ainsi exposée à une violence croissante, nourrie par l’absence d’une réponse internationale immédiate.
La participation renouvelée du Brésil et du Canada témoigne néanmoins d’un consensus stratégique : sans intervention robuste, Haïti risque un effondrement institutionnel complet. Le calendrier sécuritaire se superpose à une séquence politique déterminante. La communauté internationale maintient son objectif : mener Haïti vers des élections nationales après le 7 février 2026, date théorique de départ du CPT.
Or, la Force multinationale attendue seulement en mars 2026 devra non seulement affronter les groupes criminels, mais aussi assurer un climat propice à un scrutin crédible. Le bon déroulement du processus électoral dépend de la capacité du CPT à préserver un minimum de stabilité dans un environnement marqué par la peur et l’incertitude.
Si la conférence de New York représente un signal encourageant, elle révèle aussi un décalage alarmant entre l’urgence de la crise et la lenteur administrative du dispositif international. Le véritable défi réside désormais dans la gestion du vide sécuritaire jusqu’en mars 2026.
L’efficacité des engagements pris à New York sera évaluée non seulement à l’arrivée de la Force internationale, mais surtout à la capacité des autorités haïtiennes, appuyées par un soutien logistique et politique immédiat, à survivre à cette période charnière où, entre effondrement et espoir différé, Haïti demeure suspendu à une aide qui tarde à venir.
Brinia ELMINIS

























































































































































































































































































































