Après plus d’un an à la tête du Ministère des Affaires Étrangères et des Cultes, Harvel Jean Baptiste se retrouve confronté à un bilan diplomatique jugé préoccupant par plusieurs observateurs. Dans ce contexte précis, l’annonce d’une quatrième conférence des ambassadeurs haïtiens, organisée en concertation avec le coordonnateur du Conseil présidentiel de Transition (CPT), Laurent Saint-Cyr, ravive les interrogations sur la pertinence et l’efficacité réelle de cette initiative.
En premier lieu, cette démarche intervient alors que la diplomatie haïtienne traverse une phase de ralentissement manifeste. À cet égard, plusieurs dossiers prioritaires demeurent sans avancées visibles, notamment la coopération internationale, la défense des intérêts des migrants haïtiens, la mobilisation de l’aide extérieure et le repositionnement du pays dans les enceintes régionales et multilatérales. De ce fait, cette inertie alimente la perception d’un affaiblissement de la voix d’Haïti sur la scène internationale.
Dans cette optique, les autorités présentent la conférence des ambassadeurs comme un cadre de concertation destiné à rétablir une cohérence d’action. Plus précisément, il s’agirait d’harmoniser les messages diplomatiques, de clarifier les priorités stratégiques et de renforcer la coordination entre les différentes représentations à l’étranger. Toutefois, aucune orientation stratégique formalisée ni calendrier opérationnel n’ont, à ce stade, été rendus publics.
Or, cette initiative n’échappe pas aux critiques. D’une part, plusieurs observateurs rappellent que les précédentes conférences n’ont pas débouché sur des résultats durables. D’autre part, l’absence de mécanismes clairs de suivi et d’évaluation nourrit le doute quant à l’impact réel de ces rencontres, souvent perçues comme symboliques plutôt que transformatrices.
À ce stade, le parcours de Harvel Jean Baptiste permet de mieux comprendre les enjeux. Diplomate de carrière et ancien représentant d’Haïti à l’étranger, il a pris la tête d’un ministère affaibli par des années d’instabilité institutionnelle et de contraintes budgétaires. Néanmoins, si son expérience technique constitue un atout, elle se heurte à la complexité d’un environnement international de plus en plus exigeant.
Parallèlement, l’implication directe du coordonnateur du CPT, Laurent Saint-Cyr, dans l’organisation de cette conférence met en lumière une articulation étroite entre diplomatie et gouvernance de transition. Dès lors, se pose la question de l’autonomie décisionnelle du ministère et de la lisibilité de la chaîne de responsabilités, éléments essentiels pour restaurer la crédibilité extérieure de l’État haïtien.
En définitive, au-delà de l’événement annoncé, c’est la capacité des autorités de transition à passer d’une diplomatie déclarative à une diplomatie d’action qui est mise à l’épreuve. Autrement dit, la relance diplomatique ne saurait se limiter à des cadres de discussion sans traduction concrète.
Ainsi, la quatrième conférence des ambassadeurs apparaît comme une tentative de relance, mais elle ne peut, à elle seule, pallier l’absence d’une stratégie diplomatique claire, cohérente et mesurable. À l’heure actuelle, Haïti a besoin d’une diplomatie proactive, crédible et orientée vers des résultats tangibles. En dernier ressort, le véritable enjeu pour Harvel Jean Baptiste réside dans sa capacité à transformer les engagements annoncés en actions concrètes au service des intérêts nationaux.
Brinia ELMINIS










































































































































































