Longtemps traqué par les États-Unis avec une prime de 10 millions de dollars sur sa tête, Ahmed Al Sharaa, ancien dirigeant présumé d’Al-Qaïda, surgit sur le devant de la scène internationale… en tant que nouveau président de la Syrie. Le 14 mai 2025, il a rencontré Donald Trump au Qatar, où l’ancien président américain a annoncé la levée des sanctions américaines contre le régime syrien. Quelques jours plus tôt, Sharaa s’était déjà rendu en France pour s’entretenir avec Emmanuel Macron.
Un revirement historique en syrie
Après des années de guerre civile et de sanctions, la Syrie connaît un bouleversement sans précédent : Ahmed Al Sharaa, figure centrale de la mouvance islamiste radicale dans les années 2000, a pris le pouvoir à Damas en renversant Bachar el-Assad. Cette arrivée au sommet, aussi soudaine que controversée, choque autant qu’elle intrigue les diplomates du monde entier.
Trump et Sharaa, une rencontre chargée de symboles
C’est à Doha, au Qatar, que s’est tenue la première grande rencontre officielle d’Ahmed Al Sharaa en tant que chef d’État. Face à Donald Trump, qui continue d’exercer une influence majeure sur la politique étrangère américaine, les deux hommes ont discuté d’un possible “nouveau départ” pour la Syrie. Trump a annoncé la levée des sanctions américaines, invoquant “une opportunité de paix et de stabilité dans la région”. Un geste fort qui relance le débat sur la légitimité politique face au passé terroriste.
Macron en éclaireur prudent
Avant Trump, c’est Emmanuel Macron qui a reçu Ahmed Al Sharaa à l’Élysée, dans une rencontre tenue discrète mais lourde de sens. Si Paris n’a pas officiellement reconnu le nouveau gouvernement syrien, la visite marque un début de dialogue. Sharaa aurait plaidé pour une “réintégration diplomatique” de la Syrie sur la scène internationale, promettant des réformes et une “rupture avec les méthodes du passé”.
Méfiance et appels à la justice
Mais tout le monde ne se montre pas aussi réceptif. Plusieurs organisations de défense des droits humains dénoncent une “blanchisserie diplomatique”, rappelant que Sharaa n’a jamais été jugé pour ses liens avec Al-Qaïda. Des ONG internationales réclament une enquête indépendante et transparente sur ses actions passées, notamment en Irak et en Afghanistan. “On ne bâtit pas la paix sur l’amnésie”, a déclaré un représentant de Human Rights Watch.
Entre pragmatisme géopolitique et devoir de mémoire
Le retour d’Ahmed Al Sharaa sur le devant de la scène mondiale soulève une question brûlante : jusqu’où les puissances occidentales sont-elles prêtes à aller pour garantir une stabilité régionale, quitte à fermer les yeux sur un passé controversé ? Si la diplomatie exige parfois de serrer la main d’anciens ennemis, la paix durable, elle, ne peut s’établir sans vérité ni justice. Le destin de la Syrie, et sa crédibilité retrouvée, dépendent de la capacité de son nouveau leader à répondre de son passé et à réellement tourner la page.
Brinia ELMINIS