Loin d’un triomphe partagé, l’accord commercial conclu en Écosse entre Donald Trump et Ursula von der Leyen marque un tournant amer pour l’Union européenne. Si l’on évite une guerre douanière, le prix à payer soulève de sérieuses critiques, notamment en France.
Un “deal” imposé sous pression américaine
Réunis dimanche 27 juillet dans un club de golf écossais, Donald Trump et Ursula von der Leyen ont annoncé un accord présenté par le président américain comme “le plus grand deal jamais passé”. En l’absence d’accord, les droits de douane sur les produits européens auraient grimpé de 10 % à 30 %. Finalement, ils seront fixés à 15 % à partir du 1er août, un niveau certes moins élevé, mais qui marque un recul pour l’UE.
L’accord engage également l’Union à acheter pour 750 milliards d’euros d’énergie américaine sur trois ans et à investir 600 milliards aux États-Unis. Une double concession qui renforce nettement l’économie américaine.
La France dénonce une capitulation stratégique
En France, les réactions sont virulentes. Le Premier ministre François Bayrou a parlé “d’un jour sombre pour l’Europe”, dénonçant une Union “résignée à la soumission”.
Clément Beaune, Haut-Commissaire à la stratégie, a ironisé sur franceinfo :
“On ne peut pas être les Télétubbies du commerce international.”
Il critique un accord déséquilibré et injuste.
À gauche comme à droite, la condamnation est unanime : Manuel Bompard (LFI) et Olivier Faure (PS) parlent de “honte”, tandis que Marine Le Pen dénonce un “fiasco politique, économique et moral”.
Benjamin Haddad, ministre délégué à l’Europe, admet que l’accord apporte une “stabilité temporaire”, mais souligne lui aussi son caractère déséquilibré.
L’Allemagne et l’Italie misent sur le pragmatisme
À l’inverse, Berlin et Rome adoptent un ton plus modéré, estimant avoir préservé leurs intérêts. L’Allemagne, dont 10,5 % des exportations totales en 2024 (soit 163,4 milliards d’euros) étaient destinées aux États-Unis, cherche avant tout à éviter une escalade commerciale.
Les investisseurs ont salué l’accord : les Bourses européennes ont ouvert en nette hausse lundi, signe d’un soulagement à court terme.
Une Europe affaiblie dans un rapport de force inégal
Pour de nombreux analystes, cet accord révèle les fractures internes de l’UE et son manque de cohésion face aux grandes puissances.
David Cayla, maître de conférences à l’université d’Angers, souligne :
“L’Union, censée nous protéger, se retrouve affaiblie par l’hétérogénéité de ses membres. Tandis que les droits de douane britanniques ont doublé, ceux de l’UE ont triplé.”
De son côté, Donald Trump n’a pas hésité à qualifier l’UE de “parasite”, affirmant qu’elle avait été créée uniquement pour “baiser les États-Unis”, des propos qui en disent long sur sa vision du partenariat transatlantique.
éviter le pire ne suffit pas à parler de victoire
Si l’accord permet à l’Union européenne d’éviter une guerre commerciale ouverte, le coût politique et symbolique reste élevé. Ce compromis, perçu par beaucoup comme une soumission, fragilise la position de l’UE sur la scène internationale.
Éviter le pire ne peut suffire à faire une victoire. L’Europe devra tirer les leçons de cet épisode pour bâtir une stratégie commerciale plus unie, plus ferme, et capable de défendre ses intérêts face à une Amérique offensive.
Brinia ELMINIS

























































































































