Dans un coin vibrant de Pétion-Ville, au cœur du Centre de Convention de l’hôtel NH El Rancho, les 5 et 6 juillet 2025 ont résonné d’une énergie singulière. Pas celle d’un simple salon ou d’une foire marchande. Non. Il s’agissait de bien plus. HAIFEX; acronyme de Haïti Femme Expo né d’un besoin ancien, d’un rêve longtemps contenu: celui de voir les femmes haïtiennes, créatrices, innovatrices, bâtisseuses, sortir de l’ombre, occuper pleinement la scène économique, être vues, entendues et soutenues.
Derrière ce projet, une conviction forte portée par EGM Strategy & Management, avec l’appui stratégique du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et de plusieurs institutions haïtiennes. L’idée n’est pas tombée du ciel. Elle s’est construite dans les silences de ces marchés populaires, dans les cuisines de ces femmes qui transforment, inventent, négocient. Elle est née dans les statistiques muettes: moins de 10 % de dirigeantes dans les grandes entreprises du pays. Pourtant, dans chaque rue, dans chaque coin de campagne, une femme vend, produit, réinvente l’économie à sa façon. HAIFEX est donc une réponse. Une scène offerte à celles qui, jusque-là, n’avaient ni projecteur, ni micro.
Le 5 juillet, dès les premières heures de la matinée, l’hôtel NH El Rancho s’est transformé. Les couloirs ont accueilli plus de 75 femmes entrepreneures, venues de divers départements du pays. Certaines apportaient des produits transformés, d’autres de la mode, de l’artisanat, des innovations numériques. Chacune portait en elle une histoire : celle de l’effort, du rêve, de la détermination face à l’indifférence. Les stands, soigneusement décorés, racontaient bien plus que des services ou des produits. Ils racontaient des identités. Des visions du monde.
La journée s’est ouverte avec un mot fort des organisateurs. On y a rappelé l’ambition de HAIFEX : créer un carrefour d’opportunités, un espace de visibilité, de réseautage, de formation et surtout de reconnaissance. Puis, les choses se sont enchaînées: des panels thématiques sur l’inclusion économique, des discussions autour de l’intelligence artificielle, du numérique, de l’entrepreneuriat en milieu rural, de la transmission familiale. Le public professionnel, curieux, engagé circulait, échangeait, posait des questions, achetait, s’émerveillait.
Mais l’un des moments forts du 5 juillet fut sans doute le lancement du concours national de pitchs. Quinze finalistes, sélectionnées à travers tout le pays dans trois secteurs clés; industries de transformation, industries créatives, et technologies numériques sont montées sur scène. Elles n’ont pas seulement pitché des projets. Elles ont partagé leur vision, leur courage, leur résilience. Le jury, composé de professionnels aguerris, observait, écoutait, questionnait. L’atmosphère était électrique, intense, mais bienveillante.
La deuxième journée, soit le 6 juillet, a poursuivi cette montée en puissance. On sentait déjà l’impact de la veille dans les regards et les échanges. De nouveaux visiteurs arrivaient, de nouveaux panels se tenaient. Des masterclass spécialisées offraient des outils concrets sur le financement, la gestion d’entreprise, le marketing digital. Les entrepreneures, entre deux ventes, assistaient, prenaient des notes, posaient des questions. Le partage de connaissances devenait palpable, presque tactile.
Et puis, il y eut ce moment suspendu : le défilé de mode, imaginé comme une célébration de l’élégance haïtienne au féminin. Animé par Mejeanne Couture et la célèbre créatrice Stella Jean, ce défilé fut bien plus qu’un simple passage de modèles. C’était un hommage aux racines, à l’héritage textile, à la beauté haïtienne dans toute sa diversité. Le public, debout, applaudissait, visiblement touché par ce mariage entre tradition et modernité.
Enfin, est venue l’heure des résultats. Trois lauréates, issues des trois secteurs identifiés, se sont vues remettre un chèque d’un million de gourdes chacune. Mais ce n’était pas tout : un programme de six mois de mentorat, de réseautage et d’appui au financement les attend. On les a applaudies, félicitées, mais surtout, on a compris qu’elles ne représentaient pas une élite isolée. Elles étaient le reflet d’un potentiel immense encore sous-exploité.
En refermant les portes de HAIFEX, ce 6 juillet en fin d’après-midi, ce n’est pas un simple événement qui s’achevait. C’était le début d’un mouvement. Une plateforme de transformation. Une nouvelle voix dans le concert économique haïtien, portée par celles qu’on avait trop longtemps réduites au silence.
HAIFEX ne changera peut-être pas le pays en deux jours. Mais elle a semé des graines. Des graines de confiance, de vision, d’espoir concret. Et si on prend soin de les cultiver avec politique, soutien, vision et continuité alors peut-être que demain, les vitrines économiques du pays porteront, enfin, le reflet de celles qui l’ont toujours fait vivre.
Cynthia MAXI
CP : Ticket

















































































































































































































