Une vague d’opérations de grande envergure menée par la Police nationale d’Haïti (PNH) a conduit à la neutralisation d’au moins 160 individus armés considérés comme des membres actifs de plusieurs gangs criminels opérant dans différentes régions du pays. Cette intensification des interventions survient dans un contexte de pression sécuritaire croissante et de demande populaire pour la reprise du contrôle territorial par l’État.
Kenscoff : le principal foyer de l’intervention
Selon les rapports communiqués par la PNH, au moins 100 bandits ont été tués à Kenscoff au cours de la semaine dernière. Ce chiffre fait de cette zone montagneuse un des épicentres des récents affrontements. Les autorités n’ont pas encore précisé les détails de l’opération, mais des sources sécuritaires indiquent qu’il s’agissait d’une action planifiée visant à désorganiser une base logistique du crime organisé.
Christ-Roi, Delmas 30, Solino : les fronts urbains
Des interventions coordonnées dans les quartiers de Christ-Roi, Delmas 30 et Solino ont également conduit à la mort d’au moins 20 autres membres de gangs, considérés comme très actifs dans la capitale. Ces zones sont connues pour être des couloirs stratégiques utilisés pour la circulation d’armes et de marchandises illégales.
Hôpital Diquini : neutralisation à proximité d’un site sensible
À proximité de l’Hôpital Diquini, la police a stoppé au moins 8 criminels, dans une opération sensible qui visait à sécuriser les abords de cet établissement sanitaire souvent menacé par la présence de groupes armés.
Village de Dieu : Ti Izo éliminé
Un tournant majeur a eu lieu à Village de Dieu, bastion notoire de la violence urbaine. Ti Izo, un membre clé du Gang 5 Secondes, a été éliminé. Cette perte représente un coup stratégique porté à l’un des groupes criminels les plus puissants du pays.
Gran Ravin : le cas de “Ti Lapli”
Dans une attaque d’une rare précision, le chef de gang Ti Lapli a été gravement blessé par un drone kamikaze la semaine dernière à Gran Ravin. Il serait actuellement entre la vie et la mort, selon les informations relayées par des sources proches de l’enquête. L’utilisation d’un drone armé, bien que non confirmée officiellement, marque une évolution technologique dans les opérations des forces de l’ordre.
Artibonite : mort du no. 2 du gang de Savien
Dans le département de l’Artibonite, région fortement gangrenée par les activités de groupes armés, le deuxième chef du gang “Nou Twòp” de Savien a été abattu. Cette perte désorganise encore plus la structure hiérarchique du groupe déjà affaibli par des opérations antérieures.
Mirebalais : 11 autres tués
Enfin, 11 autres bandits ont été tués à Mirebalais, portant le total provisoire à plus de 160 morts en l’espace de quelques jours. Ces chiffres traduisent l’intensité de l’offensive actuelle.
Une stratégie d’étouffement progressif
La multiplication des fronts d’intervention montre une volonté claire de la PNH de reprendre simultanément plusieurs zones. Selon des sources internes, ces actions pourraient s’inscrire dans une stratégie d’étouffement géographique, visant à empêcher les gangs de se regrouper et de reprendre leurs positions.
Cependant, certaines voix s’élèvent déjà pour exiger transparence et reddition de comptes, notamment sur les risques de bavures ou d’exécutions extrajudiciaires. Les ONG locales appellent à un suivi indépendant des opérations, sans pour autant nier l’urgence sécuritaire.
Les forces de l’ordre haïtiennes semblent avoir enclenché une phase offensive sans précédent dans leur lutte contre le crime organisé. Alors que le pays se prépare à accueillir une mission multinationale d’appui à la sécurité, ces frappes massives pourraient constituer un tournant décisif – à condition d’être suivies de mesures de stabilisation durables.
SOURCE : Police nationale d’Haïti
Jean Dalens SEVERE