La Bibliothèque Nationale d’Haïti valorise la langue, l’histoire et la créativité à travers ses concours

Dans un contexte marqué par des fragilités sociales persistantes et une instabilité institutionnelle prolongée, la culture demeure l’un des rares vecteurs de continuité et de rassemblement. En distinguant, le 15 décembre dernier au Karibe, les lauréats de trois concours nationaux, la Bibliothèque Nationale d’Haïti (BNH) a rappelé la fonction structurante des institutions culturelles dans la consolidation du lien collectif.
Le lundi 15 décembre, la BNH a procédé à la remise des prix des concours « Écris à Catherine Flon », « Jan m renmen dikte » et « Refaire Bois Caïman ». Cette cérémonie, organisée dans un cadre institutionnel et symbolique, a réuni participants, écrivains et acteurs culturels autour de productions valorisant la langue créole, la mémoire historique et la création artistique, trois piliers fondamentaux de l’identité haïtienne.
D’abord, ces initiatives traduisent une volonté affirmée de démocratisation culturelle. En privilégiant l’écriture et l’expression créative, la BNH ouvre l’espace culturel à une pluralité de voix, au-delà des cercles académiques traditionnels. Cette démarche favorise une participation citoyenne élargie, tout en respectant la diversité des parcours et des sensibilités, conformément à la mission de service public de l’institution.
Ensuite, le choix des thématiques s’inscrit dans une logique de référence partagée. Catherine Flon et Bois Caïman constituent des repères fondateurs du récit national, tandis que la mise en valeur du créole rappelle le rôle central de la langue dans la construction du vivre-ensemble. En les mobilisant, la BNH encourage une appropriation critique de l’histoire, sans imposer une lecture figée ou normative du passé.
Par ailleurs, l’institution assume une fonction de médiation entre mémoire et présent. Au-delà de la conservation des archives, elle crée des espaces d’interprétation et de transmission, où les citoyens peuvent questionner, revisiter et actualiser les héritages culturels. Cette dynamique contribue à nourrir la conscience collective, en particulier auprès des jeunes générations.
Cette action s’inscrit également dans un parcours institutionnel marqué par une adaptation progressive aux réalités contemporaines. Face aux défis liés à l’accès inégal à la culture, à la fragmentation sociale et aux tensions éducatives, la BNH privilégie des initiatives à la fois symboliques et concrètes afin de préserver un socle commun de références culturelles.
Enfin, dans un contexte national fragilisé par les tensions sociales et sécuritaires, la tenue d’un tel événement souligne la capacité de la culture à créer des espaces de dialogue et de rassemblement. Sans occulter les difficultés structurelles du pays, la BNH affirme, à travers ces concours, la nécessité de maintenir et de transmettre les fondements culturels de la nation.
Par cette cérémonie, la Bibliothèque Nationale d’Haïti confirme que la culture n’est ni accessoire ni secondaire, mais un levier structurant de cohésion nationale. En soutenant l’écriture, la langue et la mémoire historique, l’institution assume pleinement sa responsabilité publique : préserver des repères communs et renforcer le lien collectif dans un pays en quête de stabilité et de continuité.
Brinia ELMINIS














































