
Un nouveau débat secoue l’Administration générale des douanes (AGD). Selon des informations relayées par Radio Télé Métronome, les récents responsables nommés à la tête de plusieurs directions régionales auraient été soutenus par trois conseillers du président actuellement mis en examen pour corruption. Cette situation soulève une interrogation essentielle : que devient la neutralité administrative lorsqu’un mécanisme de parrainage informel s’impose à la place des procédures institutionnelles ?
D’entrée de jeu, il est nécessaire de rappeler que, selon le Code de déontologie du journalisme, toute information sensible doit être traitée avec prudence, distance et exactitude. Ainsi, les noms cités dans le rapport médiatique (Smith Augustin, Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire, Moïse Jean-Charles, entre autres) le sont en raison de leur mention dans la source citée, et non comme conclusion d’une enquête propre.
Cependant, un fait demeure : les révélations autour de processus de nomination influencés par des acteurs politiques inculpés posent un problème institutionnel majeur.
D’abord, la question du parrainage politique dans la gestion douanière interpelle. Les douanes représentent l’un des piliers financiers de l’État et constituent un espace où circulent marchandises, devises, intérêts commerciaux et influence. Dès lors, lorsque la nomination de directeurs serait tributaire de soutiens politiques, la frontière entre gouvernance administrative et influence personnelle devient floue.
Ainsi, au-delà des noms cités, c’est la solidité du système qui se trouve mise en cause.
Ensuite, les conséquences sur la transparence de l’institution méritent attention. Au Cap-Haïtien, une commission à trois têtes aurait été installée pour gérer la direction locale, avec un représentant pour chaque parrain présumé. Cette architecture inhabituelle soulève une inquiétude : peut-elle garantir une chaîne de décision cohérente et indépendante ? De plus, si chaque directeur régional devait des “redevances” à un parrain politique, comme l’insinue le média, l’indépendance administrative deviendrait compromise, et la confiance du public en pâtirait.
Par ailleurs, le Code de déontologie du journalisme exige que le traitement de ce type d’information se fasse avec contextualisation, afin d’éviter les généralisations abusives. Il convient donc de souligner que, jusqu’ici, aucune preuve publique ne confirme la nature exacte de ces “obligations” supposées. Cependant, la simple perception d’un réseau parallèle de nomination suffit à fragiliser une institution déjà vulnérable.
Enfin, la responsabilité du pouvoir public est au centre de l’équation. Dans un État où la douane représente une source majeure de revenus, la transparence dans les nominations n’est pas un luxe administratif, mais une exigence nationale. Dès lors, l’absence de communication officielle sur les critères retenus pour ces choix nourrit les spéculations et contribue à l’opacité ambiante.
En conclusion, au-delà des personnalités mises en avant dans le débat, la véritable urgence réside dans la restauration de mécanismes de nomination clairs, traçables et exempts de toute influence extérieure. La gouvernance douanière ne peut se permettre ni zones grises ni réseaux informels de pouvoir. Pour une institution aussi stratégique, l’État doit garantir un système fondé sur la compétence, la transparence et la redevabilité réelle, non envers des parrains, mais envers la nation entière.
Ce n’est qu’à ce prix que l’Administration générale des douanes regagne sa crédibilité et pourra jouer pleinement son rôle dans le redressement du pays.
Brinia ELMINIS










































































































































































