La crise énergétique refait surface en Haïti, plongeant une fois de plus la population dans l’incertitude. Le terminal pétrolier de Varreux, qui assure plus de 70 % de la distribution nationale de carburant, est de nouveau bloqué par des groupes armés, paralysant l’acheminement du pétrole et aggravant la rareté déjà perceptible dans plusieurs zones du pays.
Selon les premières informations recueillies, des hommes lourdement armés positionnés autour du terminal ont empêché les camions-citernes d’accéder au site depuis tôt ce matin. Ce blocage survient dans un contexte sécuritaire marqué par une recrudescence des activités criminelles autour des infrastructures stratégiques du pays.
Le MCI hausse le ton face aux stations d’essence
Conscient du risque imminent de pénurie totale, le Ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI) a réagi fermement. Dans un communiqué urgent, l’institution a appelé les propriétaires de stations-service à cesser toute forme de spéculation, avertissant que des inspections et sanctions sévères seront appliquées contre ceux qui profiteraient de la crise pour augmenter les prix ou stocker illégalement du carburant.
Le MCI a souligné que plusieurs stations auraient volontairement réduit leurs heures de service ou fermé leurs pompes pour créer artificiellement la rareté. Aucun opérateur ne doit jouer avec la misère du peuple , a rappelé un haut responsable du ministère, indiquant que des équipes de contrôle sont déjà déployées sur le terrain.
Une population épuisée par les crises répétées
Dans les rues de Port-au-Prince et des communes avoisinantes, les réactions ne se sont pas fait attendre. Files interminables, tensions, altercations et frustration collective marquent désormais chaque tentative d’approvisionnement.
« On ne peut plus vivre comme ça. Chaque deux mois, c’est la même histoire », témoigne un chauffeur de transport en commun, exaspéré. L’impact sur l’économie s’annonce lourd : hausse des tarifs de transport, ralentissement du commerce, paralysie de certains hôpitaux fonctionnant au diesel, et risque de pénurie d’eau dans certaines localités dépendantes des systèmes de pompage.
Varreux : un point névralgique sous menace constante
Le terminal Varreux n’en est pas à son premier épisode de blocage. Son importance stratégique en fait l’une des cibles privilégiées des groupes armés cherchant à exercer une pression politique, économique ou territoriale. Chaque perturbation entraîne un effet domino sur l’ensemble du pays, déjà fragilisé par l’insécurité et l’instabilité institutionnelle.
Cette nouvelle offensive relance le débat sur la nécessité urgente de sécuriser les infrastructures essentielles du pays et de diversifier les points d’entrée de carburant pour réduire la dépendance envers un seul site ultra-sensible.
Que peut faire l’État maintenant ?
Les experts interrogés soulignent deux priorités immédiates :
- Rétablir l’accès sécurisé au terminal Varreux, en coordonnant une opération stricte mais calculée pour éviter une escalade de violence.
- Garantir la transparence dans la distribution du carburant, afin d’empêcher les pratiques frauduleuses qui aggravent les précédentes crises.
Dans le moyen terme, plusieurs voix appellent l’État à repenser entièrement la gestion énergétique du pays, encourager des alternatives comme le solaire, et renforcer les capacités institutionnelles face aux groupes armés.
Une crise de plus… ou la crise de trop ?
Le blocage du terminal de Varreux intervient alors que les Haïtiens essaient tant bien que mal de reconstruire un semblant de normalité. Cette nouvelle perturbation rappelle à quel point le pays reste vulnérable, dépendant d’un réseau énergétique fragile et exposé.
Pour l’heure, la population attend des actions concrètes, alors que le MCI promet de « défendre coûte que coûte les droits des consommateurs ». Reste à savoir si cette pression suffira à freiner la spirale d’une crise qui menace encore une fois d’immobiliser le pays.
Jean Dalens SEVERE
