Le Brésil est sous le choc après une vaste opération policière antidrogue, menée à Rio de Janeiro, qui a causé la mort de plus d’une centaine de personnes, selon les bilans officiels et des sources locales concordantes. Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva s’est déclaré « sidéré » par l’ampleur du drame et le nombre élevé de victimes, a annoncé mercredi son ministre de la Justice, Ricardo Lewandowski.
L’opération, lancée le dimanche 28 octobre dans les favelas du Complexo do Alemão et du Complexo da Penha, visait des réseaux liés au trafic de drogue et aux milices armées opérant dans la zone nord de la métropole. Selon les autorités de l’État de Rio, au moins 119 personnes ont été tuées et plusieurs dizaines arrêtées. Cependant, le Bureau du Défenseur public du Brésil évoque un bilan encore plus lourd, pouvant dépasser 130 morts, dont plusieurs civils.
« Le président a été sidéré par le nombre de décès et s’est montré surpris du fait qu’une opération de cette ampleur ait été mise en place à l’insu du gouvernement fédéral », a déclaré M. Lewandowski lors d’un point de presse à Brasilia.
Face à la polémique, le gouverneur de Rio de Janeiro, Cláudio Castro, a défendu l’opération, la qualifiant de « succès stratégique » contre les organisations criminelles. Il a affirmé que la majorité des morts étaient des individus armés affiliés à des factions du narcotrafic. De leur côté, plusieurs organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International Brésil et Human Rights Watch, dénoncent un usage excessif et indiscriminé de la force et réclament une enquête indépendante sur les circonstances des décès.
Des témoignages recueillis sur place par la presse locale évoquent des exécutions sommaires présumées, des entrées violentes dans des habitations et la panique parmi les habitants. Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des rues jonchées de débris, des familles en pleurs et des habitants terrés dans leurs maisons.
Selon plusieurs analystes brésiliens, ce drame illustre les limites structurelles de la politique de sécurité dans les favelas, où les opérations de grande ampleur se soldent souvent par des pertes civiles importantes. Ils appellent à une approche plus équilibrée, combinant répression ciblée, réformes sociales et programmes de prévention de la violence.
Le gouvernement fédéral a annoncé la mise en place d’une évaluation complète des pratiques policières et la possibilité d’une révision de la doctrine d’intervention dans les zones urbaines sensibles.
Ce tragique épisode rouvre le débat sur la lutte contre le crime organisé au Brésil et la nécessité de réconcilier sécurité publique et droits humains. Pour le président Lula, ce bilan dramatique constitue un signal d’alarme : celui d’un pays qui cherche encore l’équilibre entre fermeté et justice sociale dans la guerre contre le narcotrafic.
Carina Petit-Homme




























































































































