La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a tranché en faveur du gouvernement norvégien, estimant qu’aucune violation des droits fondamentaux n’avait été commise dans l’attribution de permis pétroliers en Arctique. Une décision qui marque un tournant dans la bataille juridique entre justice climatique et souveraineté énergétique.
Un verdict en faveur du gouvernement norvégien
Ce mardi 28 octobre 2025, la CEDH, siégeant à Strasbourg, a rejeté le recours déposé par six militants norvégiens, soutenus par Greenpeace et Jeunes Amis de la Terre. Ces derniers contestaient une décision de 2016 ayant accordé dix licences d’exploration pétrolière en mer de Barents, dans l’Arctique.
Selon les plaignants, cette politique compromet l’avenir climatique des jeunes générations et viole les articles 2 et 8 de la Convention européenne des droits de l’homme, relatifs au droit à la vie et au respect de la vie privée et familiale.
La Cour a toutefois jugé qu’il n’y avait pas de manquement juridique démontré, soulignant que les États disposent d’une large marge d’appréciation dans la mise en œuvre de leurs politiques énergétiques et environnementales.
Une évaluation environnementale jugée incomplète, mais pas illégale
La CEDH reconnaît dans son arrêt que l’étude d’impact environnemental, réalisée en 2016, n’était pas réellement exhaustive. Cependant, elle estime que cette insuffisance ne constitue pas une violation des obligations de la Norvège au regard de la Convention.
Autrement dit, Oslo n’a pas failli à son devoir de protection, même si la Cour souligne la nécessité pour les États de renforcer leurs évaluations climatiques à long terme.
La Norvège, entre prospérité énergétique et pressions écologiques
Premier producteur de pétrole et de gaz d’Europe occidentale, la Norvège se trouve souvent au cœur d’un paradoxe : un pays modèle en matière de transition énergétique, mais fortement dépendant de ses exportations d’hydrocarbures.
Les militants environnementaux reprochent à Oslo de contribuer indirectement au réchauffement global, malgré ses engagements dans l’Accord de Paris.
Les licences accordées en 2016 à des géants tels que Equinor (ex-Statoil), Chevron, ConocoPhillips et Lukoil illustrent la volonté du pays de maintenir son rôle stratégique sur le marché énergétique, tout en revendiquant une production “responsable”.
Une bataille juridique et symbolique
Ce jugement met fin à près de huit ans de procédure, marquée par plusieurs recours devant la justice norvégienne. Pour les ONG, c’est une occasion manquée de reconnaître la responsabilité climatique des États exportateurs de pétrole.
Mais pour le gouvernement norvégien, cette décision confirme la légitimité de sa politique énergétique et sa conformité avec les standards européens du droit.
En rejetant le recours, la CEDH trace une ligne claire entre les ambitions climatiques et la souveraineté énergétique des États. Si les militants voient dans cette décision un recul pour la justice climatique, elle rappelle aussi la complexité des arbitrages entre développement économique et protection de la planète.
Brinia ELMINIS

























































































































